Quel est l’état de l’instruction en famille en Europe ?

La semaine dernière en Croatie, a eu lieu la conférence européenne du GHEX (Global Homeschooling Exchange), réseau mondial de soutien à la liberté d’éducation, et plus spécifiquement à l’Instruction en Famille. Les 20 et 21 octobre, les associations de défense de l’IEF se sont réunies à Zagreb, en Croatie, pour deux jours d’échanges d’informations, d’idées et de networking (lire notre article). Une quinzaine de pays européens était représentée. L’occasion pour nous de faire le point sur l’état de l’instruction en famille en Europe.

Echantillon sur l’état de l’instruction en famille en Europe :

    • En Ukraine, une petite communauté se développe activement. Une association de soutien à l’IEF (Instruction en famille) a été créée et la première conférence nationale a lieu ces jours-ci.
    • En Pologne, 45000 enfants sont en IEF actuellement. Le contexte légal est relativement instable. Aujourd’hui, les familles doivent être inscrites dans une école et obtenir l’accord de l’école pour l’IEF. Les représentants des familles en IEF ont de bonnes relations avec le monde politique et les journalistes leur sont favorables.
    • En Roumanie, l’IEF n’est ni légale ni illégale. L’éducation est obligatoire, mais les parents peuvent choisir d’inscrire leur enfant dans une école à distance à l’étranger et cela permet de répondre aux exigences de la loi roumaine. L’association de soutien à l’IEF travaille avec les autorités du pays à la légalisation de l’IEF en Roumanie.
    • En Croatie, l’école est obligatoire à partir de 7 ans et l’IEF n’est pas encore légale. L’association de soutien à l’IEF croate, a rédigé une proposition de loi sur l’IEF qui est en discussion actuellement. Cette proposition de loi se positionne comme une réponse possible à un système éducatif en souffrance.
    • En Hongrie, l’école à la maison a été interdite en 2020, sauf pour motifs très limités de maladie, d’activité sportive intense ou de non-sédentarité (motifs très similaires aux trois premiers motifs en France). En septembre 2021, la Cour Constitutionnelle a déclaré inconstitutionnel l’âge de début de scolarisation à 3 ans : il a donc été relevé à 4 ans. Il reste une toute petite communauté IEF présente et active en Hongrie.
    • En Slovénie, l’école à la maison a été légalisée, comme faisant partie du processus de démocratisation, après la chute du communisme. Le cadre est tout de même très strict puisque les enfants en IEF doivent être inscrits dans une école publique et passer des examens chaque année. En cas d’échec, l’enfant doit retourner à l’école. Le climat culturel et intellectuel n’est pas favorable à l’IEF.
    • En Italie, l’école à la maison s’est beaucoup développée : le nombre d’enfants en IEF est passé de 5000 en 2019 à 15000 en 2021-2022. Les parents doivent déclarer être techniquement et économiquement capables d’instruire leurs enfants en famille. Des examens sont obligatoires chaque année, mais en cas d’échec, les conséquences sont limitées : ils peuvent être repassés l’année suivante.
    • En Suisse, le cadre légal est différent dans les 26 cantons. Dans certains cantons, l’IEF est interdite. Dans le canton de Vaud, le plus libre, l’IEF est devenue l’une des options habituelles pour les choix d’instruction des parents. Des jeunes en IEF font partie du Parlement de Lausanne et sont ainsi représentés politiquement.
    • En Allemagne, la loi n’a pas changé depuis le régime nazi, qui a interdit l’instruction en famille en 1938. Mais les familles IEF existent dans la réalité : elles sont parfois inspectées par les services sociaux, qui constatent la plupart du temps que ce sont des familles qui s’occupent très bien de leurs enfants.
    • En Belgique, la loi assure une grande liberté et l’IEF se développe.
    • En Irlande, l’IEF est inscrite dans la Constitution, qui date de 1937. Cependant, en 2000, une nouvelle loi a rendu obligatoire l’inscription dans les registres de l’Education Nationale des enfants scolarisés à la maison. Cela passe par l’évaluation de la capacité des parents à instruire et de leurs méthodes envisagées. La plupart des familles sont inscrites dans le registre national comme pratiquant l’IEF et reçoivent des éloges pour la façon dont elles éduquent leur enfant .
    • Au Royaume-Uni, le nombre estimé d’enfants scolarisés en famille correspond environ à 1% des enfants en âge d’être scolarisés. Les règles sont différentes selon les quatre régions. En Irlande du Nord, les familles IEF ont travaillé avec les autorités depuis des décennies et la loi permet l’IEF dans des conditions très souples (simple déclaration, pas de contrôle). En Angleterre, c’est la même chose, mais il y a régulièrement des tentatives pour légiférer davantage. Une nouvelle population émerge de plus en plus parmi les familles IEF : des enfants très abîmés par le système scolaire.
    • Au Portugal, la liberté d’instruire ses enfants en famille a été très limitée en 2019 par l’autorisation nécessaire d’un directeur d’école.

 

Et au-delà de l’Europe ?

    • Le Canada a vu le nombre d’enfants en IEF doubler après le COVID – de 100000 à 200000. L’IEF peut être pratiquée légalement dans toutes les provinces, depuis 2017 seulement au Québec.
    • Au Brésil, l’IEF grandit de 50 à 60 % par an. Il n’existe pas de texte qui légifère l’école à la maison.
    • Aux Etats-Unis, le cadre légal dépend des Etats et l’IEF s’y est beaucoup développée pour atteindre 5,7 % des enfants en âge d’être scolarisés.

Les situations sont très variables selon les pays, en termes de loi sur l’IEF, de structuration de la communauté IEF, et de contexte culturel. Globalement, une communauté de familles en école à la maison existe et grandit partout en Europe, sauf en France et en Hongrie.

Le GHEX continuera à affirmer le droit fondamental de chaque famille à choisir l’éducation qu’elles souhaitent pour leurs enfants. L’école à la maison est un choix basé sur l’amour inconditionnel des parents et il devrait être pratiqué dans la liberté.

Pour aller plus loin :

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