Dans son discours de réception à l’Académie française, au fauteuil de Max Gallo, le 3 mars 2022, François Sureau a pointé du doigt le recul des libertés fondamentales dans notre pays et la vision actuelle des principes républicains, qu’il appelle à « décrasser ». Assis au premier rang, se trouvaient  les anciens Premiers ministres Bernard Cazeneuve et François Fillon, mais aussi la Première dame, Brigitte Macron. Il était justement l’un des avocats des familles exerçant le libre choix de l’école à la maison pour leurs enfants, lors des recours contre la loi principes républicains devant le Conseil constitutionnel, aux côtés des associations nationales de l’instruction en famille. Extraits en vidéo et explications.

François Sureau : « Les libertés publiques compromises »

Dans son discours, François Sureau a fustigé « les libertés publiques compromises, le citoyen réduit à n’être plus le souverain, mais seulement l’objet de la sollicitude de ceux qui le gouvernent et prétendent non le servir mais le protéger, sans que l’efficacité promise, ultime justification de ces errements, soit jamais au rendez-vous. » Un observateur averti pourra se rappeler que c’est au nom de la sécurité que fut mise à mal par Emmanuel Macron la liberté fondamentale de l’instruction en famille, comme nous l’expliquons ci-dessous.

François Sureau :  « ‘La sécurité est la première des libertés’ : une formule imbécile »

 

François Sureau défend à de nombreuses reprises la liberté. Il évoque cette « formule imbécile », « la sécurité est la première des libertés ». Elle fut pourtant reprise à son compte par le président Emmanuel Macron lors son discours de clôture du Bauveau de la Sécurité, le 15 septembre 2021. C’est justement sous ce prétexte mensonger de la sécurité qu’Emmanuel Macron a voulu interdire la liberté fondamentale de l’instruction en famille, que l’avocat a cherché à défendre devant le Conseil constitutionnel en août dernier. Toutes les familles ayant choisi l’école à la maison se souviennent en effet du 2 octobre 2020, lorsque dans son discours des Mureaux contre le terrorisme, le Président annonça sa décision d’interdire purement et simplement l’école à la maison. Et ce, alors même qu’aucun chiffre ne venait étayer le moindre lien avec un quelconque séparatisme, comme le révèlent les chercheurs spécialistes en radicalisation dans le livre L’école à la maison, une liberté fondamentale. Un constat toujours partagé aujourd’hui par la Direction générale de l’enseignement scolaire dans son rapport sur l’instruction en famille rendu public avec plusieurs mois de retard, après la promulgation de la loi.

François Sureau : « Une grande confusion concernant les principes républicains  »

Par ailleurs, François Sureau revient sur la confusion actuelle autour des principes républicains, dont la loi du même nom portée par le ministre Jean-Michel Blanquer s’attaquait donc, par son article 21/59, à l’école à la maison : « Gallo était ce qu’on appelle un républicain. Il faudrait décrasser ce terme qu’on emploie ces jours-ci à tout propos, au prix d’ailleurs d’une grande confusion concernant les principes. (…) Gallo n’a jamais vu la République comme cet étrange absolu qu’on nous présente parfois au mépris de toute vérité, ni l’histoire de France comme le récit d’une marche vers cette drôle de parousie à laquelle concourraient également les rêves de Hugo, les discours de Viviani, l’idéal de Léon Blum, la police de M. Marcellin et les calculs du bon M. Pinay. S’il la préférait à tout autre régime, il ne l’a jamais parée de vertus magiques, ni cru que son invocation suffirait à garantir l’unité de la nation. Max Gallo avait l’amour de la République. Il ne professait pas la religion républicaine, peut-être parce qu’il en avait une autre. Aujourd’hui que la République nous appelle moins qu’elle ne nous sermonne au long d’interminables campagnes de propagande frappées de son sceau, il se serait inquiété je crois de notre docilité. » 

Michel Zink : « Le ministère de l’Éducation nationale, champion toutes catégories de l’abstraction niaise »

 

Dans sa réponse, le secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles lettres et académicien Michel Zink revient sur les combats de François Sureau pour les libertés fondamentales :

« C’est l’exercice du pouvoir dans le cadre du droit qui garantit les libertés. Encore fautil qu’il y ait un accord sur le caractère intangible des libertés et sur la réciprocité des droits et des devoirs qui les fonde. Mais, écrivezvous, « nous assistons sans mot dire au remplacement de l’idéal des libertés par le culte des droits ». Et vous ajoutez : « Personne ou presque ne se choque plus de la multiplication des lois répressives dès lors qu’elles semblent faites pour punir notre voisin et non pas nousmême. Dans ce mouvement, l’État luimême change de nature. Il n’est plus rien que le garant, y compris répressif, des droits individuels. » Il ne faut donc pas s’étonner que cet État soit de plus en plus répressif à mesure qu’il s’affaiblit. »

Là encore, serait purement fortuite toute comparaison avec l’interdiction, vivement combattue par François Sureau, de la liberté pour les parents, premiers éducateurs de leurs enfants, de leur faire l’instruction en famille. N’est-ce pas encore Emmanuel Macron qui rappelait récemment qu’avant tout droit, nous avons des devoirs ? N’est-ce pas lui encore qui parlait au sujet de sa décision « radicale » d’interdire l’instruction en famille comme d’un changement de « paradigme nécessaire », donc même du point de vue du droit ? Tout ce qui était permis deviendrait donc désormais sujet à autorisation ?

Enfin, Michel Zink égratigne au passage la niaiserie de l’Education nationale : « Comment reprocher à nos concitoyens d’être empêchés de s’exprimer dans un langage articulé parce qu’une bouillie précautionneuse leur emplit la bouche, quand le ministère de l’Éducation nationale, chargé de leur formation, est champion toutes catégories de l’abstraction niaise ? ». Brigitte Macron, qui a placé Jean-Michel Blanquer auprès de son époux (lire ce récit dans notre livre), a dû apprécier.

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