Grégory Labille, Député de la Somme, a organisé ces jours-ci une visioconférence avec des enseignants ayant recours à l’instruction en famille pour leur propre enfant. Il a ainsi réalisé un document de 50 pages de témoignages et l’a donné en mains propres au ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer (lire ici). Nous avons résumé ce document en classant les témoignages par thèmes, avec la biographie des témoins en fin d’article.

Appliqués, les contrôles actuels suffisent : interdire l’instruction en famille est hors sujet.

« Cet article [21] est hors sujet et ne permettra pas d’aboutir à l’objectif annoncé. » –  Céline Duffau

« Faire ainsi un lien entre l’IEF et la radicalisation est choquant. Ce sont les pratiques séparatistes qui doivent être sanctionnées. »   – Marie-Hélène Loyer

« Les outils de contrôle actuels sont largement suffisants s[‘ils sont] appliqués. Le rapport pédagogique de l’inspectrice a été élogieux. Pourquoi venir casser une instruction en famille qui marche, qui est efficace ? » Pauline Bourgard

Les enfants en IEF ne sont pas « sauvages », leurs parents ne sont pas anti-républicains

« Nous payons nos impôts, nous ne recevons pas les allocations de rentrée, nous nous déclarons, nous nous soumettons aux contrôles de l’Éducation nationale… Et pourtant, aujourd’hui, nous sommes traités comme des criminels et monsieur Blanquer ose comparer nos enfants à des « enfants sauvages ». Quel dédain absolu et quelle étroitesse d’esprit ! »  – Sarah Bonel

« Nous cherchons, non pas à exclure [nos enfants] du monde d’aujourd’hui, mais à proposer une autre vision de la vie, permettre à chacun de se développer à son rythme, sans jugements. »  – Justine Montoya

« Nos enfants sont habitués à côtoyer des enfants de tous les âges ainsi que des adultes, de tout horizon culturel, social, religieux ce qui entraîne une grande ouverture d’esprit. »  – Aurélie Dubuy

« J’ai choisi d’élever mes enfants en dehors de l’école, mais cela ne veut pas dire en dehors de la Vie,
de la Société ou de la République française. Une société, a fortiori une démocratie, a besoin de diversité pour être saine et pour évoluer. »  – Chris

L’instruction en famille est une richesse et n’est pas contre l’école

« Si l’école est absolument nécessaire notamment pour son rôle d’ascenseur social, elle n’est pas la seule solution pour l’instruction, ni toujours la meilleure. » – Jérémy Fourestier

« Au début de ma carrière, je méconnaissais complètement l’IEF. J’ai appris à connaître cet univers si riche et divers. C’est une richesse à préserver dans notre République. » – Nadège Avène

« Lorsque notre fille et notre gendre nous ont appris qu’ils ne voulaient pas scolariser leurs enfants,
nous avons, dans un premier temps, été choqués et attristés. Aujourd’hui, nous sommes complètement rassurés. » – M. et Mme Schoen-Nicolet

« Les enfants instruits différemment doivent être vus comme une vraie richesse. En aucun cas nous ne dénigrons l’école publique, dont nous sommes issus et pour laquelle nos travaillons. C’est un vrai service, indispensable à notre pays. Mais pourquoi limiter la diversité ? » – Marylène Botton-Duval

Le gouvernement devrait plutôt se concentrer sur les difficultés de l’Éducation nationale.

« L’école est nécessaire dans une démocratie. Mais, aujourd’hui, c’est notre système scolaire en entier qui est à revoir. »  – Anaïs Jacq

« Le gouvernement devrait plutôt s’acharner à lutter contre le harcèlement scolaire, le burn out des enseignants, la violence, l’illettrisme, la déscolarisation sauvage. Et qu’en est-il des 100 000 enfants des rues, sans papiers et sans domicile fixe pour lesquels le droit à l’école et à l’enseignement est refusé ? » – Sarah Bonel

« Il me semble que le combat à mener est à l’intérieur des établissements scolaires » – Nadège Avène

« Il nous semble beaucoup plus urgent de donner les moyens aux enseignant.e.s pour les aider dans leur difficile travail que de pointer du doigt une minorité qui, dans la grande majorité, s’occupe très bien de leurs enfants, ce que tendent à démontrer tous les chiffres et rapports. » – Manon Silvant

L’IEF est une soupape de sécurité et une liberté fondamentale.

« La diversité éducative doit rester la règle. Chaque parent est le mieux placé pour savoir ce qui est bon pour son enfant. » – Séverine Genest Faure

« Ce gouvernement s’acharne à détruire les libertés individuelles fondamentales ! Toute forme de régime totalitaire commence par soumettre sa population par le biais de l’institution scolaire. L’IEF est une soupape de sécurité, un droit de retrait face à la potentielle dérive de l’État. Il faut absolument conserver ce droit pour le présent et l’avenir. » – Sarah Bonel

« Il est primordial que les parents aient le choix de l’éducation qu’ils veulent donner à leurs enfants. Oui, l’école est une chance pour certains enfants, pour d’autres, c’est l’IEF qui est une chance. » – M. et Mme Schoen-Nicolet

« Certains élèves ont la chance de pouvoir vivre à leur rythme tout en s’épanouissant pleinement ; pourquoi l’interdire ? » – Sylvie Lemasle

« Imposer l’institution scolaire comme la seule voie d’apprentissage, c’est nier ses limites naturelles, c’est refuser la confiance de l’État en son peuple. » – Laurent Rousse

L’école peut aussi être source de souffrance.

« L’école inclusive est un mythe… une théorie. Je le vois tant dans mon travail qu’en tant que mère d’enfants diagnostiqués multi-dys. L’école de la République permet l’émancipation de certains, mais en aucun cas de tous. Pour ces autres, loin d’émanciper, elle enferme, elle écrase. » – Magali Palau

« Il y a tellement de pression au sein des établissements scolaires, tellement de compétitions, tellement de moqueries, tellement de souffrances pour certains élèves… c’est bien triste ! » Justine Montoya

« L’IEF a été une bouffée d’air pur, c’est une solution qui peut être salvatrice ! » – Séverine Le Blanc

« De trop nombreuses fois, j’ai pu observer la souffrance de nombreux enfants. J’ai aussi expérimenté à quel point c’était difficile de mettre en place des pédagogies actives et différenciées. » – Christelle Dubourg

« En 25 ans de carrière en lycée professionnel, j’ai rencontré beaucoup de jeunes abîmés, […] beaucoup de parents inquiets, désorientés, démoralisés, désemparés. » – Laurent Rousse

L’école à la maison peut être bonne pour des enfants sans besoins spécifiques.

« Cette loi donne l’impression d’un manque de confiance de la part de l’État dans la parentalité et le rôle d’une famille. Serions nous des parents « non-essentiels » ? – Marie Cogga

« Nos enfants ne sont pas en phobie scolaire, ils ne sont pas dys, ils n’ont pas de trouble de déficit de l’attention, ils ne souffrent pas de handicap, ils ne font pas de sport à haut niveau, ils n’ont pas été diagnostiqués haut potentiel, ils ne sont pas nomades ou loin d’une école…. Ce sont juste des enfants plein de vie, pour qui nous souhaitons une éducation en adéquation avec leurs besoins. L’IEF permet à chacun d’avoir confiance en lui,  de faire éclore ses potentiels… » – Prune Martin

« Pourquoi les mettrais-je à l’école alors que je peux témoigner de l’efficacité de l’école à la maison ? Pourquoi leur enlèverais-je la grande chance de pouvoir apprendre à leur rythme, de les nourrir intellectuellement et de s’épanouir en toute confiance ? » – Marylène Botton-Duval

« Après un an de non scolarisation, les avantages sont nombreux : le bien-être de nos garçons, des enfants plus acteurs et moins passifs, la chance de connaître l’ennui [qui] fait fonctionner leur imagination et leur créativité, le rythme plus confortable… » – Julie Jourde

« Il y a de nombreuses façons d’instruire, de nombreuses façons d’apprendre. Nous voulons respecter le rythme biologique de nos enfants, et qu’ils ne soient pas « notés », « classés », « étiquetés », ce que fait l’école, bon gré mal gré. » – Manon Silvant

Biographies de ces enseignants qui témoignent :

  • Manon Silvant, deux enfants en IEF. Ingénieure pédagogique multimédia, titulaire d’un M1 d’enseignement du premier degré et d’un M2.
  • Laurent Rousse, quatre enfants de 13 à 21 ans, tous instruits en famille. Professeur technique en lycée professionnel (sections de BEP) et formateur technique (BTS) en centre de formation d’apprentis pendant 13 ans. Professeur de mathématiques et sciences physiques en lycée professionnel (3e prépa pro à terminale de bac pro) depuis 12 ans
  • Julie Jourde, quatre enfants de 3 à 9 ans, enseignante depuis 11 ans en primaire et fille d’enseignante
  • Aurélie Cothenet, deux enfants dont l’une a testé l’instruction en famille
  • Christelle Dubourg, trois enfants en IEF, professeure des écoles (maternelle, primaire, SEGPA, EREA, UPI) pendant 14 ans
  • Chris, trois enfants en IEF
  • Marylène Botton-Duval. quatre enfants de 2 à 15 ans, dont trois instruits en famille. Professeur des écoles en disponibilité, mari professeur de français et de théâtre depuis plus de 20 ans en collège (en REP)
  • Élise Petitcolin, six enfants de 2 à 15 ans, dont deux en IEF (7 et 10 ans), enseignante en mathématiques depuis maintenant 12 ans
  • Prune Martin, quatre enfants dont trois en IEF (4, 8 et 10 ans)
  • Marie Cogga, deux enfants scolarisés, un enfant en IEF
  • Séverine Genest Faure, enseignante en maternelle dans le privé sous contrat depuis une vingtaine d’années
  • Marie-Hélène Loyer, une enfant (aujourd’hui adulte) en IEF. Professeur de français dans l’Éducation nationale pendant 40 ans, à la retraite depuis 6 ans
  • Virginie Wadbled, un enfant de 4 ans et demi en IEF
  • Céline Duffau, deux enfants de 15,5 et 13 ans, en IEF depuis un peu plus de 12 ans. Ancienne professeur des école
  • Séverine Le Blanc, deux enfants en IEF depuis 2014, enseignante de primaire en disponibilité, mari professeur agrégé de mathématiques
  • Justine Montoya, trois enfants dont deux en IEF
  • Blandine Boulav, un collégien en IEF depuis peu
  • Magali Palau, plusieurs enfants en IEF
  • Enseignante titulaire coordinatrice pédagogique et ingénieure de formation (reconstruction de parcours de formation pour des jeunes sortis du système scolaire, prévention des situations de décrochage scolaire, accompagnement des élèves en situation de décrochage)
  • Julie Geneau, deux enfants, dont une a expérimenté l’IEF. 16 ans d’enseignement dans des écoles ou collèges publics de la métropole lilloise
  • Sylvie Lemasle, professeur des écoles à la retraite
  • Aurélie Dubuy, deux enfants de 3 et 7 ans en IEF. Professeur des écoles en disponibilité, 11 ans de carrière dans le 93
  • M. et Mme Schoen-Nicolet, grands-parents de deux enfants de 5 et 7 ans en IEF. Professeurs des écoles, retraités de l’Éducation nationale.
  • Nadège Avène, enseignante d’anglais titulaire du CAPES
  • Jérémy Fourestier, trois enfants en IEF, enseignant pendant 8 ans, dans le primaire et le secondaire. Femme professeur de lettres dans l’EN depuis 7 ans.
  • Sarah Bonel
  • Morgane Pardieu, trois enfants passés par l’IEF en cycle 1 et souhaitant y retourner si possible. Couple de profs
  • Caroline Demange, deux enfants de 9 et 12 ans en IEF depuis trois ans et demi. Professeure des écoles pendant 9 ans
  • Pauline Bourgard, une fille de 5 ans en IEF, diplômée d’un master enseignement
  • Séverine Le Blanc, deux enfants en IEF depuis 2014, enseignante de primaire en disponibilité. Mari professeur agrégé de mathématiques
  • Jocelyne Breton, enseignante de lettres modernes, retraitée de l’Éducation nationale
  • Anaïs Jacq, un enfant de 4 ans en IEF
  • Sophie L’Invulnerable, cinq enfants passé par l’IEF en cycle 1, professeur des écoles en congé parental

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