Bernard est directeur de recherche CNRS en sciences cognitives, et son épouse est médecin généraliste, leurs deux enfants ont 8 et 10 ans. Ils témoignent de l’importance pour eux de l’instruction en famille.

Nos enfants alternent entre instruction en famille (quand on est en Polynesie) et école publique quand on est en métropole. Ils pratiquent le tennis, le piano, la voile, le dessin, et la peinture. Nous sommes venus à faire l’école à la maison à la fois par obligation car nous sommes itinérants (ma femme exerce comme médecin généraliste remplaçante dans les îles de Polynesie), mais aussi par plaisir en ce qui me concerne (le plaisir d’explorer une pédagogie alternative et par conviction qu’il est important que nos enfants aient une vision globale du monde). Le voyage tel que nous le pratiquons avec un enracinement culturel dans les différents pays rencontrés leur donnera je l’espère une conscience meilleure conscience notre écosystème.

L’instruction en famille nous apporte beaucoup de plaisirs intellectuels pour guider l’apprentissage de nos enfants. Bien qu’ayant été enseignant toute ma vie professionnelle (à l’université), j’ai concrètement découvert la pédagogie adaptée aux enfants. Nous sommes aussi engagés dans une association d’alphabétisation, au Burkina Faso.

La liberté d’enseignement est pour moi un besoin fondamental pour notre société car elle permet de diversifier la façon dont nos enfants appréhenderont le monde. Cette diversité fournira à la société des acteurs qui pourront éventuellement donner des réponses mieux adaptées aux problèmes de demain. En d’autres termes, nous avons intérêt à diversifier les profils socio-cognitifs de nos enfants afin de mieux les préparer à affronter la complexité croissante du monde qui nous attend.  L’interdiction de l’école à la maison par un régime d’autorisation des plus resctrifs va exactement à l’encontre de ce point de vue. Persister à formater tous les enfants selon un seul modèle c’est risquer gros pour l’avenir. Évidemment, je respecte (et suis) les bases de l’enseignement telles qu’elles sont formulées par l’Education nationale. Mon propos concerne essentiellement la façon d’enseigner ces bases, la recherche de l’autonomie de l’enfant, du développement de sa créativité, de son expression émotionnelle, de sa capacité à apprendre lui-même, etc.. Nous aurons plus que jamais besoin de bons techniciens, de bons artistes que de bons éclaireurs, de bons lanceurs d’alerte ou de courageux explorateurs !

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