Trois semaines après son annonce de vouloir interdire l’école à la maison, dans son vibrant hommage à Samuel Paty, Emmanuel Macron a donné en exemple la figure de Ferdinand Buisson qui défendait pourtant la liberté pour les parents de pratiquer l’instruction en famille.

C’était le 21 octobre dernier, depuis la cour de la Sorbonne, lieu historique de l’enseignement universitaire français. Ferdinand Buisson ? Un philosophe spécialiste de la question pédagogique, qui contribua à façonner l’école républicaine, en patient réformateur, en défenseur d’un perfectionnement constant de l’institution scolaire, dans l’ombre de Jean Jaurès et Jules Ferry. C’était d’ailleurs ce dernier qui l’avait placé à l’une des plus hautes fonctions de l’instruction publique d’alors…

Comme Jules Ferry, Ferdinand Buisson, directeur de l’enseignement primaire de 1879 à 1896, député radical-socialiste et fondateur de la Ligue des droits de l’homme, a donc aussi défendu la liberté d’instruction dans la famille.

Ainsi, en 1913, alors qu’était débattue la proposition de loi relative à l’enseignement privé secondaire et primaire n°2684, il affirmait :

« Même pour l’enseignement le plus élémentaire, pour celui que la loi rend obligatoire, le droit d’ingérence de la société se borne à s’assurer que l’enfant n’est pas frustré de ce minimum d’éducation : la loi sur l’enseignement primaire y a pourvu par un examen annuel (art. 16 de la loi du 28 mars 1882). »

Dans l’éducation d’un enfant, il y a deux responsables : la famille d’abord, ensuite l’État.

S’il souhaite renforcer l’intervention de l’État, il continue de s’inscrire dans l’esprit de Jules Ferry, en maintenant l’équilibre entre liberté des familles et devoir de l’État :

« [La nation] ne pénètre pas au foyer. Nul inspecteur ne peut en franchir le seuil. […] Dans l’éducation d’un enfant – ne nous lassons pas de le redire – il y a deux responsables : la famille d’abord, ensuite l’État. S’agit-il de l’enseignement élémentaire obligatoire ? C’est l’État qui fixe la loi, c’est l’État qui en assure l’exécution : avec la famille, si elle fait son devoir, sans elle, si elle vient à manquer, contre elle, si elle résiste à la loi. »

Ainsi, Ferdinand Buisson reconnaissait le rôle premier des parents dans l’éducation de leurs enfants, dont ils sont, de facto, les premiers éducateurs. Rappelons que depuis les lois Ferry de 1882, c’est l’instruction qui est obligatoire, et non l’école, Jules Ferry ayant ainsi sanctuarisé la possibilité de faire l’école à la maison à ses enfants, pratique  très encadrée aujourd’hui, avec inspections et contrôles, ce qui est une bonne chose.

Pour aller plus loin :

Source du discours de Ferdinand Buisson : Open édition

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